Waar komen gedachten vandaan?
Waar komen meningen vandaan? vraagt Joël De Ceulaer zich af in Knack, en op zijn vraag gaf hij al enkele, helaas reductionistische en bijna naïeve antwoorden. Mij lijkt de eerste vraag trouwens niet die naar de herkomst van meningen, maar die naar de herkomst van ideeën en verklaringen in het algemeen.
De grote Franse wiskundige Jacques Hadamard vroeg destijds aan een honderdtal wetenschappers, wiskundigen, natuurkundigen, scheikundigen enzovoort, hoe zij tot een bepaald inzicht waren gekomen. Hij schreef daarover een prachtig boekje, ook leesbaar voor een lekenverstand: Psychology of Invention in the Mathematical Field (Princeton University Press, 1945), heruitgegeven door Dover in 1990. Helaas kan ik mijn Doverboekje niet meer terugvinden, terwijl ik een paar honderd boeken zie staan die ik helemaal niet wil zien nu.
Het prachtigste verhaal daarin vond ik, was dat van Friedrich August Kekulé von Stradonitz, de man die de structuurformule van benzeen beschreef. In een droom zag Kekulé een slang in haar eigen staart bijten. Hij had die nacht gedroomd van de oude ourobóros ófis, ουροβόρος όφις, en zo vatte bij hem de “mening” post dat die benzeenmolecule wel eens ringvormig kon zijn, wat nog helemaal bewezen moest worden.
Mij lijkt het nu, dat we bij zulke belangrijke vragen misschien evengoed te rade kunnen gaan bij dichters. Ook bij hen lijkt een eureka de enige uitleg. Hieronder legt Brassens uit hoe hij verzen maakt, die plots uit de lucht lijken te vallen, niet zonder voorafgaand denkwerk natuurlijk, maar wel zonder reductionistisch gedoe, en hoe hij daarbij in het gareel wordt gehouden door het rijm en de structuur van wat hij al heeft, zoals ook het speelveld van wetenschappers beperkt wordt door hun eerdere observaties en zij toch volkomen vrij blijven binnen dat veld. Hij deed dat in een gesprek met Philippe Nemo, voor France Culture in 1979. Misschien kunnen onze metrum- en rijmloze gedichtenschrijvers van vandaag hier ook nog iets mee:
Je passe mon temps à inventer des choses, j’ai beaucoup d’imagination. Heureusement le ciel m’a doté d’une imagination extraordinaire. Si j’écrivais en prose, j’écrirais des trucs sûrement pas mal. Parce que je… encore que le vers parfois vous permet de trouver des images que…
Qui vont au-delà au fond de que…
Oui, qui vont au-delà et que vous n’auriez pas trouvées sans la nécessité qui vous aide à les incorporer dans le vers. Vous êtes… vous avez commencé une strophe, vous avez trois vers, par exemple, je trouve trois vers qui me plaisent. Il m’en faut quatre. Parce que on pourra faire ce qu’on veut, avec la musique on est obligé de faire des choses à peu près carrées. Enfin, moi je suis obligé. Par exemple Kosma n’y était pas obligé, le musicien Kosma n’était pas obligé. Il pouvait faire de la musique sur Prévert. Moi j’en serais absolument incapable. Je ne pourrais pas écrire comme Prévert, d’abord parce que je n’ai pas son talent, et ensuite parce que je n’aurais pas le talent de musicien pour arriver à rendre carrées, vous voyez, ces choses-là. Alors, j’ai trouvé trois vers, et il m’en faut un quatrième. Il me le faut absolument. Alors pendant trois-quatre-cinq-six jours j’y réfléchis. Je ne trouve rien. Ça m’est arrivé pour la Supplique ça. Pendant très longtemps j’avais fini cette chanson, mais je ne l’avais pas commencée. Je n’avais pas trouvé l’introduction, l’entrée en matière, les premières strophes, ni la dernière. Et pendant quatre ans elle est restée dans mes cahiers, je l’ai négligée, d’ailleurs au profit d’autres chansons.
La camarde, qui…
…qui ne m’a jamais pardonné, d’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez… [te horen op 1u2'50"] oui mais ça je n’avais pas trouvé, je ne l’ai trouvé qu’à la fin. Mais il faut dire, je ne m’inquiétais pas outre mesure. Je sais, depuis longtemps d’ailleurs, qu’il vaut mieux commencer un poème à l’envers et remonter le courant là. J’ai su ça, j’ai su ça et m’en suis aperçu d’abord tout seul, et puis ensuite un beau jour je me suis aperçu que ça coïncidait évidemment avec, avec de la théorie d’Edgar Poe, Le Corbeau, enfin ça… que je n’ai lu que dans la traduction de Baudelaire.
Ça prouve que le poème est un peu en dehors du temps.
Bien sûr, tout à fait en dehors du temps, bon, j’ai trouvé trois vers, il m’en faut un quatrième, et je ne le trouve pas, et ça me fait râler. Et, et je cherche. Et puis je laisse tomber, j’attaque une autre chanson. Et pendant que je fais ça le temps passe et, signé mon contrat, il faut toujours que je fasse ma rentrée à Bobino. Et puis tout d’un coup, je disais bon dieu, si, si tu pouvais dire ça de cette manière-là, si tu pouvais faire par exemple un alexandrin là, au lieu d’octosyllabes, tu pourrais le finir, la finir comme ça ta strophe.
Et du coup, vous devez changer la musique alors ?
Non, et du coup j’ai pas encore fait la musique, je ne fais la musique qu’après. Et du coup, je, je fous mon poème en l’air et je trouve quelque chose de mieux que mes trois vers. Et parfois mes trois vers disparaissent complètement, et parfois l’idée même, l’idée même de ces trois vers disparaît, au profit de ce dernier vers. Alors je remonte et je trouve autre chose de beaucoup mieux.
Alors là, encore une fois, c’est la rime qui vous a donné non seulement votre mot, mais même votre idée.
C’est pas la rime, c’est la nécessité de mettre dans un cadre quelque chose.
3 opmerkingen:
Hannah Arendt in 'The life of the Mind' heeft daar ook een aantal pertinente opvattingen over. Ze had Brassens wel kunnen appreciëren, in dat 'plots uit de lucht vallen' bijvoorbeeld.
Bij het dwalen door de teksten van Brassens toevallig op deze http://www.analysebrassens.com/ gestrand, waar elk nummer voorzien is van commentaren, soms irrelevant, soms helemaal fout, maar dikwijls verhelderend.
Ik dacht, ik geef het even mee.
Ja ik ken die site Leo, en hij is dikwijls heel goed. In het gesprek dat drie uur duurt, zei Nemo dat sommige teksten van Brassens heel moeilijk waren. (Brassens had gezegd dat hij Villon, Ronsard, Montaigne en Rabelais zo moeilijk vond.)
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