Totalitaire neigingen
De taalkundige Ingrid Riocreux, die hier eerder al ter sprake kwam, heeft een nieuw boek uit waarin zij het journalistieke discours ontleedt: Les Marchands de Nouvelles, Essai sur les pulsions totalitaires des médias (2018, Éditions de l’Artilleur). Het boek beweert dus dat de gevestigde media totalitaire neigingen vertonen, en het legt uit waar die volgens haar zichtbaar worden. Als linguïste doet ze dat met taalanalyse. Natuurlijk beschrijft zij journalisten niet als slechteriken die bewust een totalitaire staat zouden nastreven: het gaat om mechanismen die de individuen overstijgen, en waarvan zijzelf evengoed slachtoffers zijn, zodat ze enkel nog in het gelid lopen. De talloze voorbeelden die Riocreux geeft van hun verwrongen woordenschat en hun gekleurde zinnen komen van alle grote media. Ze had geen moeite om er 500 bladzijden mee te vullen.
Hier enkele fragmenten uit een interview met haar, afgenomen door André Bercoff van Sud Radio. Deze man heeft gewerkt voor Le Monde, Libération, voor radio en tv ook. Een linkse jongen die op goede voet stond met Mitterrand, Attali en Hollande, maar hij wordt door zijn vroegere collega’s nu bij ‘rechts’ ondergebracht, zoniet bij ‘uiterst-rechts’. Juif, Arabe, Libanais, né d'un père russe et d'une mère espagnole, je me sens Français, zegt hij van zichzelf.
Eerst vroeg Bercoff of ze niet overdreef, en of wat zij zag als totalitaire impulsen, niet gewoon de persoonlijke meningen waren van de journalisten. Maar Riocreux zag vooral kuddegeest:
Riocreux : Dat zou dan prachtig zijn, het zou betekenen dat elk zijn opvattingen heeft, die dan hun stempel drukken op zijn discours. Dat is een sprookjeswereld, maar het is niet wat ik heb willen zeggen. Ik heb juist willen zeggen dat er een ideologie heerst die onder kuddegeest valt. Overigens een normaal verschijnsel, men vindt het terug in om het even welk milieu, met dit verschil dat het journalistieke milieu ons een kijk op de wereld levert waar we allemaal aan zijn blootgesteld, niet? Daar zit hem het ware probleem. Anders gezegd, die visie op de wereld is binnen een bepaald milieu gemeengoed, maar ons legt zij een bepaalde interpretatie van de dingen op, een kijk op wereld.
Riocreux : Dat is zo, maar wat wil je? Verrassend is het niet. Zeer jammerlijk, maar niet verrassend. Als mensen hun kleine optochten houden enzovoort, en dan zien ze een journalist – waarbij komt, ik zou zeggen: al die journalisten hebben een eendere houding, een eendere kop en ze hebben allemaal hetzelfde verhaal – daar krijg je toch de kriebels van! De kriebels krijg je, en dat zou toch geen normale gang van zaken mogen zijn? Als mensen een journalist zien, dan zouden ze niet mogen weten wat hij over hen zal vertellen. Maar allemaal weten ze vooraf al wat over hen zal verteld worden. De manier waarop men hun mobilisering zal behandelen, de manier waarop men hen in beeld zal brengen, dat weten ze vooruit, en zoiets is toch niet normaal. Dat wil toch zeggen dat het volslagen één koek is, en dat wekt wrevel. En dan leidt dat tot geweld, en ja, dat is jammerlijk, dat is droevig, dat is niet goed, bon, maar verrassend is het niet.
Riocreux : Alors justement: personne. C’est le principe même de la force d’un milieu, de l’homogénéité d’un petit milieu. Mais qu’on a tous. Je veux dire – moi je suis prof – dans le milieu des profs c’est la même chose. Seulement c’est beaucoup moins perturbant. Vous voyez, parce que…
Bercoff : Parce que vous ne parlez pas à la France entière ou…
Riocreux : Voilà, exactement, quand je fais cours sur Molière, ça ne change absolument rien, mes opinions politiques ou mon arrière-plan idéologique, bon, ça ne change pas grand-chose quoi. Alors que pour les journalistes, on est tous impactés.
Riocreux : En fait, j’y avais été amenée à y réfléchir en discutant justement avec un journaliste de la presse locale, qui m’a dit qu’avant ils étaient les seuls à souffrir, parce que quand un journaliste de la presse locale fait un article qui ne convient pas, la bouchère du coin elle va venir taper à la porte du journal, pour dire : c’est n’importe quoi ce que vous avez dit et tout. Et en fait avec Twitter, eh bien les gens ils réagissent comme ça, même face à la grande presse. Et donc ce journaliste me disait, c’est vraiment, heu, pour les journalistes du Monde, pour les journalistes de Libé et tout ça, pour eux ça a été paniquant, d’un seul coup d’avoir ce contact avec le pays réel, et que d’un seul coup les gens réagissent à leurs écrits, alors que avant il y avait une espèce de distance. Donc ça change, ça met sur le même plan …
Bercoff : Ils croyaient avoir un magistère dans ces temps-là.
Riocreux : Exactement, oui, oui, voilà.
Bercoff : Et, est-ce que ça change la donne, ce rapport ?
Riocreux : Effectivement ça les …je pense que, effectivement ça les oblige aussi à réfléchir sur leur manière de concevoir leur propre discours. Parce qu’ils ne peuvent pas ...ou bien un moment ils le disent mais, heu, est-ce qu’ils y croient vraiment quand ils continuent à dire qu’il y a la fachosphère, voilà que les gens sont manipulés? Non, ils sont bien obligés de constater aussi que les gens d’eux-mêmes, c’est heu… c’est Jean-Jacques Cros qui dit ça, il dit: la méfi... la défiance envers les médias, elle commence le jour où quelqu’un assiste à un évènement, puis lit dans la presse ce qu’on en dit, et se rencontre du décalage, voilà …se rend compte du décalage, pardon. Et il dit, c’est là que la défiance commence et elle va s’étendre à tout le discours journalistique. Et c’est exactement ce qui se passe. Il n’y a pas besoin de fachosphère, il n’y a pas besoin de complotisme. Les gens, ils constatent le décalage entre ce qu’ils vivent et ce que la presse en dit.
Riocreux : Mais oui, mais qu’est-ce vous voulez ? Ce n’est pas surprenant. C’est très malheureux, mais ce n’est pas surprenant. Quand les gens ils font leur petits défilés etcetera, et puis qu’ils voient un journaliste – en plus tous ces journalistes, je dirais, ils ont tous la même allure ils ont la même tête, et ils tiennent tous le même discours – mais c’est allergisant ! C’est allergisant et normalement ça ne devrait pas être comme ça. Quand les gens ils voient un journaliste, ils ne devraient pas savoir ce qu’il va dire d’eux. Or, ils savent tous par avance ce qu’on va dire d’eux. La manière dont on va traiter leur mobilisation, la manière dont on va les montrer, ils le savent par avance, mais ça même, ce n’est pas normal. Ça veut bien dire que c’est totalement homogène, et c’est ça qui irrite. Alors ça se traduit par de la violence, eh bien, c’est malheureux, c’est triste, c’est pas bien, bon, mais ce n’est pas surprenant.
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